La campagne de semis des céréales en Algérie, qui devait marquer un renouveau après une année de sécheresse dévastatrice, se transforme en un cauchemar pour de nombreux agriculteurs. À travers le pays, le manque de semences certifiées crée une situation tendue, avec des agriculteurs mécontents et des retards qui pourraient compromettre les rendements attendus.
Des espoirs déçus après la sécheresse
Après une année marquée par une sécheresse sévère qui a frappé l’Algérie de plein fouet, la campagne céréalière en cours était censée apporter un soulagement aux agriculteurs du pays. Les pouvoirs publics ont fait des gestes importants, promettant la gratuité des semences et des engrais, ainsi que le report de trois ans des échéances de prêt. Cependant, des dysfonctionnements majeurs ont éclaté dès le début de la campagne, laissant de nombreux agriculteurs dans l’incertitude.
La demande exacerbée par la sécheresse
La forte demande en semences certifiées a créé un engouement parmi les agriculteurs pour la culture du blé, encouragée par la politique de relèvement des prix à la production et de subventions. Cependant, de nombreux agriculteurs ont l’habitude de produire leurs propres semences de ferme, mais en raison de la sécheresse, ils n’ont rien récolté et n’ont donc pas pu produire leurs propres semences cette année.
Pour combler ce manque, les agriculteurs se sont tournés vers les semences certifiées fournies par les Coopératives Céréalières de la région (CCLS). Le directeur de l’appui à la production au niveau de l’Office algérien des céréales (OAIC), Nouredine Amrani, avait promis que l’office livrerait 4 millions de quintaux de semences certifiées en début de campagne. Cependant, la réalité semble avoir été bien en deçà de cette promesse.
L’attente interminable des agriculteurs
La tension est palpable devant les CCLS à travers le pays. Les agriculteurs se rassemblent, espérant obtenir les semences qui tardent à arriver. Certains d’entre eux ont à la main des factures de semences des années précédentes, cherchant à prouver qu’ils ont effectivement semé du blé la saison précédente et ont donc acheté des semences. Cependant, même avec des preuves en main, beaucoup d’agriculteurs se trouvent dans une impasse.
Les retards dans la distribution de semences ont conduit à des frustrations grandissantes parmi les agriculteurs, qui se sentent pris au piège d’une bureaucratie lente. Certains agriculteurs racontent leur expérience d’attente interminable, passant de jours en jours devant les bureaux des CCLS, en quête de réponses à leurs préoccupations.
La qualité des semences en question
Outre les retards, la qualité des semences certifiées suscite également des préoccupations parmi les agriculteurs. Certains d’entre eux ont eu la désagréable surprise de trouver des charançons dans les sacs de semences provenant des CCLS. Ces charançons sont des insectes nuisibles pour les céréales stockées et peuvent causer d’importants dommages.
Les agriculteurs accusent la CCLS de fournir des semences de mauvaise qualité, mais les représentants de la CCLS rejettent ces allégations, affirmant que la présence de charançons est due à un entreposage inadéquat des sacs de semences chez les agriculteurs.
Les défis structurels de la filière céréales
La crise des semences en Algérie met en lumière plusieurs défis structurels de la filière céréales. Tout d’abord, il y a le retard dans la distribution de semences, qui peut entraîner une baisse de rendement pour les cultures. De plus, les capacités d’usinage de semences des CCLS semblent insuffisantes pour répondre à la demande croissante des agriculteurs.
En outre, la pratique du stockage à plat des grains sans ventilation contribue aux problèmes d’infestation par les charançons. La ventilation est une technique largement utilisée à l’étranger pour prévenir les infestations, mais elle reste sous-utilisée en Algérie.
La crise des semences en Algérie met en lumière les défis auxquels sont confrontés les agriculteurs du pays. Les retards dans la distribution, la qualité des semences et les pratiques de stockage inadéquates contribuent à une situation tendue qui pourrait compromettre les rendements attendus. Il est crucial que les autorités prennent des mesures pour résoudre ces problèmes structurels et soutenir les agriculteurs dans leurs efforts pour relancer la production de céréales en Algérie. L’avenir de la filière céréales du pays en dépend.
