De retour du Salon International du Livre d’Alger

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Je suis allé avec grand plaisir au Salon International du Livre d’Alger pour y faire une conférence sur le thème Football et mondialisation, titre de mon livre paru cette année chez Armand-Colin.

Je me rends régulièrement dans cette capitale. Depuis plusieurs années, le climat a changé. La présence policière est beaucoup plus discrète, les gens paraissent rassurés. La guerre contre le terrorisme n’est jamais définitivement gagnée, mais elle sort des préoccupations quotidiennes des Algériens.

De nombreux intellectuels et journalistes initialement hostiles à la politique de réconciliation du président Bouteflika, admettent aujourd’hui qu’elle a été une des conditions de la réussite dans la victoire contre les groupes terroristes.
Les intellectuels et gens du livre qui animent le salon international, sont en grande partie des survivants de cette époque, car ils étaient des cibles privilégiées pour les groupes djihadistes. Eux aussi sont détendus et désormais confiant dans l’avenir.

Pascal Boniface
Blog Nouvelobs

Le salon international a déménagé pour être sur un site plus vaste, à côté du complexe olympique Mohamed Boudiaf. L’espace occupé par les différents exposants est beaucoup plus grand qu’auparavant, 460 éditeurs étaient présents cette année. Ce sont surtout les livres francophones qui ont agrandi leur visibilité. Les éditeurs français ont d’ailleurs d’ores et déjà annoncé qu’ils allaient très largement augmenter la taille de leur stand pour l’année prochaine. Selon les organisateurs, entre 100 et 150 000 personnes par jour s’y pressaient. J’ai pu constater le jeudi 4 novembre, jour où j’ai tenu ma conférence, que malgré une pluie battante, les gens étaient venus en très grand nombre pour visiter le salon. Il était difficile de se frayer un chemin dans les allées pourtant larges et nombreuses du salon. La fréquentation globale sur l’ensemble de l’évènement, comprise entre 1 million et 1 200 000 visiteurs, il est deux fois à deux fois et demie plus grand que le salon du livre de Paris
Il y a tout simplement chez les Algériens une soif de lecture, une envie de débats, de livres de discussion, d’échanges intellectuels que ce salon permet de satisfaire.

Le prix du livre reste encore un frein à cette consommation. L’an prochain, les opérateurs de téléphonie mobile devraient alimenter un fonds d’aide à l’édition et au livre avec une ponction de 0,5 % sur leur chiffre d’affaires.

Le thème de la géopolitique du football était plus que présent au salon. Suite aux incidents entre l’Égypte et l’Algérie pour la qualification à la coupe du monde de 2010, les éditeurs égyptiens n’avaient pas été conviés.

Ce qui est permanent en tous les cas, c’est la chaleur de l’accueil dont les Algériens font preuve.

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