France-Algérie : La Commission d’Historiens se Penche sur un Passé Partagé

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France-Algérie : La Commission d'Historiens se Penche sur un Passé Partagé

L’histoire, avec son cortège de douleurs, de gloires, et de paradoxes, tisse les liens complexes entre les nations. Elle trace les contours de l’identité collective et confronte parfois des peuples à des souvenirs douloureux. Aujourd’hui, un événement historique majeur se profile à l’horizon franco-algérien : la réunion de la commission d’historiens, créée pour explorer ensemble les pages parfois sombres du passé colonial et la guerre d’indépendance. C’est un rendez-vous attendu depuis sa création en août 2022.

Imaginez Constantine, en Algérie, une ville qui a elle-même traversé les tourments de l’histoire. Les ruelles sinueuses, les vieilles bâtisses, et les réminiscences du passé convergent vers une nouvelle étape dans le dialogue franco-algérien. Pour la première fois depuis sa constitution, cette commission d’historiens, composée de dix éminents chercheurs français et algériens, se réunira les 22 et 23 novembre pour plonger au cœur des archives, des souvenirs, et des récits qui ont marqué une époque où l’Algérie était sous domination française.

Ce projet, annoncé à Alger par les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune, incarne une démarche de vérité et de réconciliation. Il répond à une ambition claire : celle d’explorer cette période historique du début de la colonisation française en 1830 jusqu’à l’accession de l’Algérie à l’indépendance en 1962, sans concession ni tabou.

Une Étape Décisive

Le chemin vers cette réunion historique a été semé d’obstacles et d’attentes. La commission d’historiens s’était déjà réunie virtuellement en avril, mais la rencontre en personne promet d’apporter une profondeur et une nuance supplémentaires à ces débats cruciaux. La diversité des profils au sein de la commission renforce la richesse des perspectives, avec des historiens, enseignants universitaires, et conservateurs de musée parmi ses membres.

Côté français, Benjamin Stora, qui assure également la coprésidence de la commission, apporte son expertise inestimable. Florence Hudowitz, conservatrice au MuCEM (Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée), le professeur des universités Jacques Frémeaux, ainsi que les historiens et enseignants universitaires Jean-Jacques Jordi et Tramor Quemeneur, complètent cette équipe d’experts. Du côté algérien, l’historien Mohamed Lahcen Zighidi, coprésident de la commission, mène le groupe avec détermination. Depuis novembre 2022, il est accompagné par les historiens Mohamed El-Korso, Idir Hachi, Abdelaziz Fillali, et Djamel Yahiaoui, qui contribuent à l’éclaircissement de cette période cruciale de l’histoire algérienne.

Le Désir d’Accès aux Archives

L’élément central de cette entreprise est la volonté d’accéder à toutes les archives disponibles, françaises et algériennes. La vérité historique ne peut émerger que si l’on dispose de tous les éléments nécessaires pour reconstituer le puzzle complexe du passé colonial et de la guerre d’indépendance. Cette transparence et cet engagement dans la recherche de la vérité sont des signes de respect envers les générations passées et futures.

Pour la France, cette démarche s’inscrit dans une politique d’apaisement, telle que voulue par Emmanuel Macron lors de son premier quinquennat. Elle fait suite aux recommandations du rapport de Benjamin Stora, qui avait déjà jeté les bases du dialogue et de la reconnaissance des blessures du passé. Cependant, les relations entre la France et l’Algérie demeurent complexes, marquées par des non-dits et des incompréhensions persistantes.

La Quête de la Mémoire Collective

La commission d’historiens ne se contente pas de fouiller les archives. Elle se lance dans la quête de la mémoire collective, dans le recueil des témoignages et des récits qui, souvent, restent enfouis dans les méandres de l’histoire familiale. Ces histoires personnelles, ces souvenirs fragmentés, contribuent à la reconstruction du passé et au renforcement de l’identité nationale.

L’objectif est de permettre à la France et à l’Algérie de regarder ensemble cette période douloureuse de leur histoire commune, sans esquiver les zones d’ombre ni les vérités difficiles à admettre. Il s’agit de construire un futur où les deux pays peuvent dialoguer sur la base d’une compréhension partagée du passé, en espérant ainsi éviter que les conflits mémoriels ne pèsent trop lourdement sur les relations bilatérales.

L’Espoir d’un Avenir Serein

La réunion de la commission d’historiens à Constantine est un événement marquant dans le dialogue complexe entre la France et l’Algérie. C’est un pas de plus vers la compréhension, la réconciliation, et l’acceptation des blessures du passé. Cette initiative souligne l’importance de la vérité et de la mémoire dans la construction de l’avenir.

L’histoire, avec ses pages parfois tragiques, nous rappelle que l’humanité est capable de guérir et de progresser. Cette commission d’historiens, par sa recherche de la vérité et son engagement envers la mémoire, incarne l’espoir d’un avenir plus serein, où les peuples peuvent se comprendre et avancer ensemble, en tirant des leçons des erreurs du passé pour bâtir un futur plus lumineux.

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