Algérie: Voyage au cœur d’une constellation musicale Cassiopée

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théâtre bel abbes

Sidi Bel Abbes. Une ville qui a connu bien des artistes, mère de beaucoup de talents, inspirante par son originalité et son histoire particulière. Avec son théâtre où Kateb Yacine a officié, ses places qui gardent encore quelques traces de la Halqa et le Goual dont la voix ne résonne qu’à peine. Dans ses rues et ses cafés, musique, théâtre et poésie scandent les pas dans les rues, alignées dans une géométrie quasi-parfaite.

Tous les chemins mènent au Théâtre.

Devant sa porte entre deux festivals, la journée ce sont les passants, venus des villes voisines ou citadins, qui courent dans tous les sens pour telle ou telle affaire administrative ou achat à régler. En fin d’après-midi, la place se transforme en un marché plus ou moins légal où tout se vend et se marchande.

Dans tout ce tumulte, cette agitation est rythmée aussi par des invisibles, qui passent pour aller au conservatoire ou au théâtre. Parmi eux, un jeune groupe nous entraine dans le rêve : il nous balade entre les racines et l’originalité. La tête dans les étoiles, il nous emmène, pour le plaisir des sens, dans un voyage à travers une constellation musicale, nommée Cassiopée.

Leur album Fourdja* (Délivrance) est une invitation à l’évasion, il casse les frontières entre le classique et le populaire, la douceur des rythmes de l’Orient se joint à la vigueur du Rai authentique. Une exploration d’univers musicaux différents qui aboutit, dans un équilibre harmonieux, à un réel et audacieux métissage, une fusion parfois inattendue entre des genres souvent totalement dissociés dans nos esprits, puisque reflétant des sensibilités de catégories sociales parfois complètement opposés. On sent la pâte d’une génération nouvelle aux influences occidentales, orientales, et locales qui se définit, se traduit à travers ses propres compositions.

Effectivement, nous dit Schamyl (guitare), chaque musicien de Cassiopée vient de son propre univers, sa propre école, AbdelGhai (Saz) est très influencé par la musique orientale et spécialement Turque, Kader (piano) aux influences Rai, Hanane et Mustapha issus du conservatoire ont aussi fait partie de l orchestre de la ville Al-Water Al-Arabi, Hichem (percussion) a des influences maghrébines et orientales, et moi-même très influencé par la musique occidentale : Jazz, flamenco Bossa Nova… ».

En plus d’avoir réussi à avoir une identité qui leur est propre, Cassiopée voyage dans l’univers d’autres artistes qu’ils invitent à enrichir leur exploration musicale tels que Rami Maalouf, jeune prodige libanais de la flûte qui a accompagné des divas de l’orient telle que Abeer Nehma. Et comme on ne peut résister à l’appel de l’Afrique, mère de tous les rythmes, Cassiopée n’a pas hésité à collaborer avec le chanteur congolais Nicanor, ou encore Dulce, une voix divine venue du Congo. Le dernier titre de leur album, Africarrefour, est une hymne à l’Afrique, une explosion musicale qui nous emporte à l’antre du monde.

Depuis la création de la formation en 2005, les musiciens de Cassiopée se sont donné pour but de faire parler les instruments, de les laisser exprimer un langage universel, de s’ouvrir à tous les artistes et tous les genres musicaux. Ils reflètent l’universalité, celle qui se définit par être soi parmi tous le reste, avec ses singularités, ses particularités, ses racines et ses influences, tout ce qui définit un être à une époque où la mondialisation tente d’anéantir la diversité culturelle pour le profit d’un modèle unique.

Ils se veulent « une formation musicale qui vous introduit dans le monde des instruments, aux influences méditerranéennes, africaines et universelles». Le message de diversité et d’universalité leur promet un bel avenir, à une époque où l’affirmation de soi et la définition de l’identité devient vitale pour tout un chacun. Authentique et original, profond sans être grave, une diversité qui fait que l’on ne s’ennuie pas. L’appel de l’instrument et sincère, ne connaît ni les différences de langues ni les frontières, alors pourquoi se priver d’avoir la tête dans les étoiles?

Nadjet TABOURI

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